Compte tenu de notre état d’assoupissement avancé, les prières du chrétien gagneraient à retrouver des dimensions honnêtes. En voici quelques-unes, à titre d’exemples :
Epargne-nous, Seigneur, de bâiller devant le sens profond des choses !
Faîtes en sorte, Père Très Saint, que nous ne ronflions pas quand quelqu’un nous parle de notre salut !
Ne nous laisse pas succomber, Éternel Tout-Puissant, à la tentation de traiter notre salut par-dessus la jambe, comme une sieste avant l’apéro !
Préserves-nous, Dieu Qui Sait, de roupiller avec l’imbécillité des intelligents et de rêvasser avec l’intelligence des imbéciles !
Sors-nous du sommeil hypnotique, Dieu Qui Voit, et arrache-nous à l’opacité des images qui rendent le regard épais !
Défais nos couvertures, Lumière du Ciel, et rends-nous transparents, comme des vitraux qui te laissent passer sans réfléchir !
Il s’agit de commencer dans l’ordre, à notre mesure. Pour l’heure, nous en sommes à l’imploration des apathiques. Plus tard, un jour, éventuellement – si Dieu nous a entendus –, il nous sera permis d’articuler l’oraison des apôtres et des chevaliers.