« Qu’est-ce qu’un paradis qu’on achète au prix de son salut éternel ? » Charles Baudelaire
De retour chez nous, un sage du siècle de Périclès s’étonnerait de l’extrême insatisfaction qui règne parmi tant de meubles et d’engins. Il verrait des milliards d’individus souffrir d’un ennui sans précédent, se dégoûter de leur existence aussi vite qu’ils s’excitent pour des mirages, fuir avec épouvante la réalité quotidienne au nom d’idéaux étrangers à leur condition. Il se demanderait par quel sortilège les hommes en sont venus à exiger de la vie ce qu’elle ne saurait donner. Il dénoncerait dans la recherche d’attributs célestes, interdits à l’humain par nature, l’origine de nos désordres. Il y repérerait la perte de toute mesure. Il nous jugerait fous. De fait, il aurait raison ; mais il y a une vérité que son bon sens païen ignorerait, une vérité inconcevable parce qu’inédite au temps qui était le sien : ce n’est pas notre folie qui nous perd, c’est le néant vers lequel nous nous obstinons à la diriger.
Ce qui, hier encore, se présentait comme une hypothèse promue par quelques esprits médiévaux apparaît aujourd’hui avec la vexante évidence d’un fait. Loin d’avoir échappé au christianisme, le monde actuel se caractérise par la désorientation des forces que le christianisme y a libérées. Sorties de leur axe, littéralement déviées et dévoyées, ces forces errent en ravageant la vie terrestre dont elles attendent non pas la sagesse relative du monde antique, mais le salut absolu, à savoir bonheur, délivrance et rédemption. En proie à tous les délires, sujette à toutes les fièvres, cette spiritualité panique, informe et sans attache, fait éclater les cadres à l’intérieur desquels les cultures essayaient de contenir rituellement ce qui, depuis toujours, travaille à les détruire. Aucune science ne semble capable d’enrayer la violence du processus. Non seulement les structures et les institutions s’effondrent, mais nos facultés élémentaires en sont altérées. Que s’est-il passé ? Un très vieux texte que personne ne prend au sérieux l’a dit d’une façon radicale et virile, bien trop radicale et bien trop virile pour nos petites natures post-modernes : l’intelligence humaine n’a pas reconnu l’Amour divin, alors l’Amour divin l’a rendue complètement tarée.
La rumeur selon laquelle nous serions athées et matérialistes fait partie des fausses informations qui devraient bientôt tomber. Il est de plus en plus manifeste que nous sommes des idolâtres ; dans cette catégorie, nous appartenons à une sous-espèce de mendiants anxieux qui escomptent des miracles et des prodiges des œuvres de leurs mains. Idolâtres, nous le sommes à tel point qu’on ne saurait vendre un pot de yaourt, un régime-minceur, un séjour aux Antilles, le programme d’un parti ou la dernière application numérique sans faire miroiter cette Perfection et cette Béatitude qui couronnent le destin de l’homme racheté et rénové. Souvent, par le jeu d’une « saine et libre concurrence », on les a pour pas cher. C’est le progrès.
La conception la plus raisonnable de l’Etat se trouve tout à fait démunie devant ce qui arrive aux masses et aux individus. Il y a presque deux cent ans, Donoso Cortès envisageait la possibilité que les peuples soient devenus définitivement ingouvernables ; il avait beaucoup observé les Français, chez qui l’ensorcellement se développait à tombeau ouvert. Déjà, dans le tohu-bohu des grands espoirs démocratiques, le recours au sens commun et au simple instinct de conservation peinait à se faire entendre. La politique peut corriger des erreurs, elle ne peut pas briser un sortilège ; quand le sens commun et l’instinct de conservation se détraquent, ses appuis naturels lui font défaut ; avec la meilleure volonté du monde, un homme de gouvernement ne sera jamais un exorciste. Face au phénomène, la plupart des intellectuels s’emmêlent les pinceaux ; leurs ratiocinations les égarent dans ce luxe d’arabesques analytiques nommé « complexité », qui n’est rien d’autre qu’une manière savante d’obscurcir le phénomène, un patois de ténèbres au moyen duquel le phénomène se perpétue. On ne chasse pas les démons avec des notes de bas de page, ni par la croyance au pouvoir magique des mots.
Parmi les formules aveuglément répétées, se trouve la fameuse domination de l’économie sur la politique. Presque unanime, la dénonciation du mercantilisme agit comme un mantra; elle doit posséder de secrètes vertus vibratoires, car ceux qui l’embouchent semblent en tirer quelques effets bénéfiques pour le confort du corps et de l’esprit. La question qui se pose est la suivante : en quoi cela nous aide-t-il à comprendre l’état d’infestation ou de possession générale ? Cela ne nous aide pas, tout simplement parce que le fléau s’est installé bien avant que n’apparaissent les instruments qui en assurent la gestion. Les technocrates et les animateurs des nouveaux modes d’organisation « managériale » l’utilisent et l’exploitent, certes, mais ils s’adaptent : l’attitude spirituelle leur préexiste et ils ne font que donner le biberon aux monstres qu’elle enfante.
Il faut remettre les bœufs avant la charrue, ou – comme dirait une paysanne avertie – le créateur des poules avant l’œuf au plat. Rappelons que toutes les idéologies et toutes les utopies révolutionnaires se sont effondrées après avoir falsifié l’espérance du salut ; se substituant à l’Eglise et sécularisant l’eschatologie chrétienne, promettant ici-bas l’harmonie, la satiété ou la surhumanité des anges, elles ont entrepris de descendre le Ciel sur la terre. Le Ciel leur est tombé dessus assez brutalement, et leurs rêves sont morts dans les charniers du XXème siècle. Mais l’imposture religieuse qui les engendra s’est très bien tirée du massacre ; la paix lui a permis de planter les piquets de sa tente là où les bombes n’avaient pas pénétré, au cœur des sentiments humains.
Depuis les missionnaires de la « société ouverte » jusqu’aux archiprêtres de la cybernétique, – en passant par toutes les offres d’affranchissement de l’Histoire et de la tradition, par tous les artefacts d’émancipation du temps et de l’espace, par tout l’outillage incessamment sophistiqué qui tranche les liens charnels, libère des anciennes loyautés et rompt notre dépendance au prochain –, un déluge de fausses transcendances inonde le marché de la Soif. Ce n’est pas d’abord d’une crise d’identité et de souveraineté que nous souffrons, mais d’une maladie métaphysique, d’un cancer de l’âme qui prétend se guérir lui-même en inventant des remèdes plus toxiques et plus chimériques les uns que les autres.
Pour expliquer la dégénérescence individuelle et collective, il est courant d’invoquer la « société du spectacle » ou la « société du désir », sans qu’on sache toujours très bien de quoi il s’agit. Or, de quel spectacle la société est-elle l’adoratrice, sinon du spectacle de notre propre nature fantasmatiquement divinisée? De quel désir est-elle le syndrome, sinon du désir de transgresser toutes les lois naturelles et de voler de conquête en conquête, en masquant de mieux en mieux l’évidence de la chute et son accélération vertigineuse ? Ce spectacle et ce désir, ce n’est pas au triomphe de l’Economie que nous les devons, ni même à l’Egoïsme ou à l’Individualisme, mais à la perversion du sens de l’infini, c’est-à-dire à la négation des conditions de possibilité d’accès au divin. Que ce soit l’ascèse, le jeûne et la prière, l’étude, la mémoire, l’attention ou le simple respect des réalités des sens, ces conditions sont résolument sacrifiées sur l’autel de la révolte désormais universelle qui veut s’emparer des jouissances surnaturelles sans en payer le prix. Même la faim, même la souffrance et la mort – châtiments du vieil Adam et moyens de sa transfiguration – sont tenues de disparaître. « Je crains bien que nous ne nous débarrassions jamais de Dieu », soupirait Nietzsche, « puisque nous croyons encore à la grammaire ». Son vœu se réalise : emportée dans l’ouragan de notre autoglorification, la grammaire ne tient plus qu’à un fil.
La résistance, si résistance il y a, ne consiste pas à combattre un système totalitaire à l’ancienne, mais à ne pas succomber aux charmes déchaînés des enchanteurs. Car ce n’est pas demain, ce n’est pas de façon marginale, c’est ici et maintenant que le monde s’abîme dans la dérive sectaire. C’est ici et maintenant que notre civilisation se change en terrain de bataille pour des factions autonomes plus ou moins puissantes, plus ou moins atroces, plus ou moins équipées « de techniques et de moyens de pression » – pour reprendre à la lettre la description officielle du processus – « capables de maintenir ou d’exploiter chez une personne un état de sujétion psychologique ou physique qui la prive d’une partie de son libre arbitre »… Ces sectes, est-ce par habitude que nous les appelons encore société, réseau, club, association, parti, lobby, start-up, multinationale ou communauté de droit ? Ne serait-ce pas plutôt par complicité et soumission, et parce qu’à-demi ensorcelés nous-mêmes, nous tardons à reconnaître que le nouvel âge gnostique a déjà commencé, – un âge de démence où toute aberration a son siège, toute insanité son trône et sa cour de dévots résignés à l’insensé ?
Soyons clairs : le mal n’ayant aucun pouvoir créateur, il est condamné à dépraver le bien ; ses dépravations n’ont rien d’original, ni de vraiment neuf. Avec des conséquences moins graves, on a su s’égarer par le passé dans la quête du salut et dans la recherche des conditions de la survie historique. Du Moyen Age à la Renaissance, de la Renaissance à notre innommable époque, il est possible de tracer la généalogie grossière de l’égarement qui culmine sous nos yeux :
1) L’homme a cru qu’il pouvait se passer de l’Homme pour aller à Dieu (théocratisme). 2) Puis il s’est mis à croire qu’il pouvait se passer de Dieu pour aller à l’Homme (humanisme). 3) Aujourd’hui, on se passe aussi bien de l’Homme que de Dieu pour aller N’importe Où, c’est-à-dire Nulle Part (robocratisme).
Dans cette perspective, les robots sont non seulement nos serveurs et nos serviteurs, mais ils sont aussi nos sauveurs : c’est ce que nous avons trouvé de mieux pour nous mentir à nous-mêmes, c’est-à-dire pour passer outre la vérité, pour liquider son autorité. L’allègement physiologique qui s’ensuit est indéniable ; les cinquante dernières années l’ont d’ailleurs baptisé du terme de « bien-être ». Au lieu de nous plaindre d’obéir à des ordinateurs, au lieu de pleurer d’artifice en artifice et de service en service sans rencontrer quiconque à assommer ou à embrasser, puisqu’il n’y a plus personne pour recevoir quelque chose d’aussi concret qu’un coup de poing ou un remerciement, nous devrions nous féliciter d’avoir cherché le salut par les robots et de l’avoir trouvé. Nous souhaitions être délivrés de la peine de vivre par des facilités prodigieuses et sans fin : chose faite.
Il y a toujours eu un malentendu avec ceux qui veulent sauver ou reconquérir quoi que ce soit sans prendre en compte la profondeur du naufrage. Comme le naufrage actuel présente la petite particularité que toutes les issues de secours ont été peintes en trompe-l’œil sur des cloisons d’acier, ils ont tendance à se cogner aux murs, ou à dessiner dessus précipitamment de nouvelles sorties illusoires. C’est que leur volontarisme désespéré s’accommode de cet autre détail fâcheux qu’on ne conçoit plus rien au-delà du bateau en train de couler.
L’esprit du sauve-qui-peut – dorénavant global – divise les mœurs en plusieurs écoles : citons entre autres les survivalistes, qui veulent sauver leur peau coûte que coûte, et les transhumanistes, qui veulent à tout prix sortir d’elle. Relevons aussi l’attitude qui consiste à s’émouvoir du sort de n’importe quelle victime pour en programmer le sauvetage. Dans l’affolement en cours, elle fait grand bruit : c’est une épidémie de chorales et fanfares salvifiques, multipliant les appels à la mobilisation dans la grande Armée du Salut Universel. Qu’il s’agisse de la Faune ou de la Flore, de la Démocratie ou de l’Afrique, du Patrimoine ou du Koala, rien ni personne n’échappe aux mains du premier prix de vertu qui passe. Dieu ne vous sauvera jamais malgré vous, mais nous sommes meilleurs que Lui : on vous sauvera, que vous le vouliez ou non. L’orgueil prométhéen a troué la coque ; lui seul est increvable. Se refaisant une santé à la faveur des désastres dont il est la cause, cet orgueil poursuit d’un affreux zèle palliatif à peu près tout ce qu’il a méthodiquement intoxiqué et corrompu, de telle sorte que bien des créatures ne savent plus où se cacher pour mourir en paix avec les yeux grands ouverts.
Après avoir été le cœur ardent de la Chrétienté, l’espérance du salut est longtemps restée le moteur secret du monde occidental ; de plus en plus inconsistante au fur et à mesure qu’elle s’éloignait de sa source, elle est devenue un thème de propagande pour un activisme gigantique et suffisant, dont le principal effet revient à étendre le champ de la bêtise et de la perdition. Les choses les plus triviales en sont contaminées, et des mentions d’une étrange teneur mystico-morale vont se nicher jusque sur le tube d’une pâte dentifrice. Signe que notre chute n’est pas un retour en arrière : contrairement à l’Australopithèque, le Dernier Homme éprouve le besoin de se sentir sanctifié même quand il se brosse les dents.
Nous avons inventé l’art des engagements ridicules et sans conséquences. Il y a une semaine, la brochure d’une salle de spectacle n’hésitait pas à titrer : « Danser pour sauver la planète ». Personne de s’oppose à ce que vous dansiez pour faire la fête, pour vous dégourdir les pieds ou pour manifester un peu d’élégance et de beauté en public, mais comment des mouvements des bras et des jambes, aussi aériens fussent-ils, parviendraient à mettre à l’abri un astre d’environ 500 millions de km2? C’est une façon de parler, dîtes-vous. Mais de parler de quoi ? Qu’importe ces étroites questions d’échelle, qu’importe l’humble aveu de notre impuissance, les membres d’une association de lutte contre la pollution lumineuse se font fort de « sauver le ciel étoilé ». S’il est opportun d’éteindre les lumières inutiles, il serait encore plus salutaire de soulager le langage de cet illuminisme qui s’en met plein la vue. A ce train-là, le soleil n’a qu’à bien se tenir ; quand il aura la fièvre, l’Humanité volera à sa rescousse.
Comme les médecins de Molière, notre humanitarisme écologique est encore plus imaginaire que le malade qu’il se flatte de soigner. Rivalisant entre eux au chevet de la déesse « Gaïa », les rédempteurs héroïco-cosmiques caricaturent avec un sérieux confondant les formes extérieures de la religiosité. Qui eût prévu que l’ancien système des indulgences ferait son retour en force dans la vie quotidienne, à l’insu de cette monoculture protestantisée qui s’en gausse pourtant à loisir ? Il n’est presque plus une seule tribune où ne soit donné en exemple l’un ou l’autre de ces petits pénitents du bonheur terrestre, tout entiers acquis au temporel, qui multiplient les « petits gestes » pour « basculer vers un monde meilleur » ; dans leur fol espoir de rémission mondaine, ceux-là croient beaucoup à « l’addition d’actions positives et citoyennes » telles que, dans l’ordre : « naviguer sur un moteur de recherche alternatif », « vivre dans un habitat à énergie passive », « réduire ses déchets », « parrainer une écolière au Cambodge » (La Croix, 12/09/2018). Avec sa violente simplicité, le Christ aurait appelé ça filtrer le moucheron pour avaler le chameau. C’est vrai que le Christ ne lisait pas La Croix. S’il s’était abonné, combien plus doux, combien plus décent, combien plus commode eût été son calvaire !
Au début des années soixante du siècle dernier, Jacques Maritain observait qu’on ne s’adresse pas à des gens en sécurité comme on s’adresse à des gens menacés. Mais comment s’adresse-t-on à des gens menacés par la sécurité ? Ô gens qui vous êtes immunisés contre la substance de l’existence, qui vous êtes vaccinés contre ses paradoxes crucifiants, qui vous êtes justifiés contre le véritable travail et la douleur nécessaire, qui avez signé un contrat de garantie perpétuelle non seulement contre le feu qui sauve et purifie, mais contre la pensée qui discerne, la liberté qui oblige, la patience qui espère, le cœur qui se recueille et les morts qui transmettent, comment s’adresse-t-on à vous ? Vous n’avez pas à répondre : principe de précaution suprême, vous vous êtes également assurés pour que chacun de ces mots n’ait plus aucun sens à vos oreilles.
Dans un coin du bateau qui coule, tandis que les ambitieux se disputent férocement le pouvoir de « transformer la société » et de « changer les mentalités », certains hominiens encore handicapés d’une âme continuent de s’accrocher à une curieuse idée : ils doivent subir un certain nombre de tentations dans cette vie, et vivre comme si chaque instant les dirigeait vers la vérité ou les en écartait. Plus loufoque encore, ces primitifs pensent qu’il ne sert à rien de sauver sa vie s’ils perdent leur âme. Pire, qu’ils la perdront sûrement en voulant sauver leur vie et gagner le monde.
On a du mal à le croire, mais pour eux, la vie ne vaut qu’en tant que préparation à l’Eternité. C’est toute une aventure qui les occupe et les distraie des choses qui comptent, comme le vivre-ensemble, les énergies renouvelables, le développement de l’éthique à l’international, les enjeux de l’intelligence artificielle ou la menace du fondamentalisme. Par chance, ils ne sont plus très nombreux. Après bien des efforts, pour la première fois dans notre ère, ce qu’ils ont à dire est parfaitement hors de propos. Le monde est en train de gagner, un monde enfin sauf de tout ce qui n’est pas lui, et grâce au diable, on n’y parle plus du tout la même langue.
Paru en avril 2019 dans Pourquoi combattre?, éditions Perspectives Libres, sous la direction de Pierre-Yves Rougeyron (auteurs : Luc-Olivier d’Algange, Philippe Arondel, Juan Asensio, Erick Audouard, Thomas Arrighi, Romain Bessonnet, Françoise Bonardel, Bernard Bourdin, Yves Branca, Alberto Buela, Leonardo Castellani,Hélène Clément-Pitiot, Denis Collin, Philippe Conrad, Vincent Coussedière, Charles Coutel, Alexandre Dorna,David L’Epée, Philippe Forget, Gabriel Galice, Eric Gueguen, Christian Harbulot, Alexandre Lande, Julien Funnaro, Sébastien Gaboulaud, Jean-Louis Harouel, Laurent Henninger, Véronique Hervouet, Roland Hureaux, François-Bernard Huyghe, Arnaud Imatz, Leo Imbert, Hervé Juvin, Richard Labévière, Jean-Gérard Lapacherie, John Laughland, Lucas Leroux, Pierre Magnard, Rémi Magott, Kostas Mavrakis, Philippe Murer, Charles Onana, Norman Palma, Baptiste Rappin, Bertrand Renouvin, Luc Roche, Claude Rochet, Pierre Yves Rougeyron, Alberto Scotti, Pascal Sigoda, Rémi Soulié, Mustapha Suna, Jean-François Susbielle, Guillaume Tahar, Christian Teyssandier, Pierre Le Vigan).