Alors que je discutais de choses et d’autres avec un de mes bon amis – de choses ordinaires comme du silence merveilleux d’un paysage enneigé ou du pourquoi de l’extrême précipitation qu’on observe aujourd’hui dans les hautes sphères, du pourquoi de l’agitation anxieuse, frénétique, quasi-démente, dans laquelle se trouvent les hommes de pouvoir actuels, du pourquoi de leur urgence forcenée, de leur obstination féroce à piquer et à marquer les populations humaines comme du bétail –, il m’a rapporté une brève anecdote. Ce n’est pas à lui que la chose était arrivée, mais à un prêtre-exorciste appelé au chevet d’une personne possédée. Quand il m’a assuré que cela s’était passé récemment, je l’ai cru, bien sûr, mais après l’avoir entendu, je n’ai pas trouvé que c’était si important. Il y a des anecdotes qui contiennent tant de vérité qu’elles illumineraient toujours le présent même si elles dataient d’un ou deux millénaires.
Voilà ce que m’a dit mon ami. Au cours de l’exorcisme, le Démon s’est soudain mis à pleurer. Et il pleurait, pleurait, sans pouvoir s’arrêter. Surpris par ce changement d’humeur, le prêtre l’a interrogé : « Pourquoi pleures-tu ? » Le Démon éclata alors en gémissements déchirants, en sanglots d’angoisse et de désespoir qui l’empêchaient d’articuler quoi que ce soit, mais le prêtre poursuivait, insistait, reposait inlassablement sa question : « Pourquoi, pourquoi ? ». Et au bout d’un long moment, d’une voix brisée, le Démon finit par répondre : – « Je pleure… parce qu’il me reste peu de temps. »